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Interview de Magne Furuholmen (A-ha)

Une interview complète et exclusive de Magne Furuholmen, chanteur leader du groupe A-ha, réalisée à l’occasion de leur venue en France le 17 et 18 octobre 2005. Cette interview a été réalisée en partenariat avec Norvege-fr.com | aha-fr.com et diffusée dans l’emission de webradio Cyberspace le 3 novembre 2005.

1- Vous etes fortement implique dans l’ecriture et la composition de Analogue, en effet vous avez ecrit ou co-ecrit 6 titres. Quel est le theme principal de l’album?
Je ne pense pas qu’il y ai un theme principal sur cet album. Je pense que j’ai des trucs à gerer, Paul à d’autres trucs, Morten a les siens, c’est plus un condensé de ces 3 voies. Quelques-uns de mes principaux leitmotivs, c’est de donner du sens à tout ça (rires). Si tu prends des chansons comme Celice ou Cozy Prison, elles sont differentes dans un sens, mais elles ont en commun un theme qui t’empeche de te mettre la tete dans le sable. On doit se confronter tot au tard à nos vies, à nos situations, on doit trouver un moyen d’accepter les choses, de ne pas tout projeter sur les autres, y compris soi-meme. J’écris beaucoup sur les relations entre les gens. Paul, sur cet album, était tres concerne par sa jeunesse. Donc il n’y a pas forcement un theme principal.

2- Vous utilisez, dans votre art, divers materiaux et techniques: la sculpture video-son, la mosaique, la peinture, le decoupage, les bordures… Est-ce la meme approche quand vous faites de la musique (couper, editer, monter, utiliser des instruments ou moyens techniques differents…) ou bien est-ce que parce que vous etes plus limite dans la musique par l’etiquette pop-rock que votre art est si varie?
Je suis sur que l’un est influencé par l’autre, dans les deux sens. Quand j’ai commencé la peinture, j’ai du apporter des choses de mon experience de musicien dans un groupe, et à l’inverse c’est sur que mon art influence ma facon de travailler au sein du groupe. Mais il est dur de savoir ce qui influence quoi le plus.
En ecoutant ta question je me suis souvenu de quelque chose dont je n’ai pas trop parlé avant. C’est une sorte de méthode, quand j’écris une chanson en ce moment, j’ai la musique et les paroles qui arrivent quasiment en meme temps. Ca a été le cas que je n’ecrive pas de texte du tout, ou que je finisse la melodie mais que je sois en panne pour les paroles parce que j’essayais de copier la maniere de composer de Paul. Or on n’a pas la meme methode, ou bien je n’ai pas vraiment ete un auteur-compositeur à l’époque. Depuis mon album solo, je suis capable de m’exprimer. Bref, si je travaille sur une chanson, je ne me sens pas capable de la finir tant que je ne l’enregistre pas. Et quand je commence à enregistrer, je visualise les parties manquantes immédiatement, et c’est un peu comme ca que je bosse en art. J’adore travailler sur des series de travaux inter-connectés. Ce sont des travaux indivuiduels mais j’aime explorer le avant, le apres. Demain par exemple je retourne au Danemark pour bosser sur des sculptures en céramique. J’ai entre 12 et 20 formes identiques et elles sont dressées un peu comme une foret et je travaille sur toutes les pieces en meme temps jusqu’à ce que le tout soit fini.
En musique donc, je dois l’entendre de mes oreilles, pas seulement chantonner le morceau. J’ai besoin de l’entendre tout comme j’ai besoin de voir mon art pour vraiment savoir si c’est fini ou pas… alors est-ce que ca vient de moi ou du fait d’etre dans un groupe de pop depuis si longtemps je ne sais pas .

3 -Vous avez chante votre premier titre d’a-ha en 2001, Dragonfly… apres avoir travaille pendant 20 ans avec l’une des plus grandes voix de la pop, aviez-vous la pression?
J’avais essayé sur presque tous les albums que Paul & moi puissions chanter quelques titres. C’est venu progressivement, avec Lifelines j’ai commencé à écrire pour A-Ha, et je me suis dit que je devais chanter ces chansons pour avoir une idée plus precise de ce que je voulais, et apres voir ce que Morten en ferait, les améliorer pour que je sois content de ces titres. Mais quand j’ai commencé à les chanter, il était devenu clair que ce n’était pas des titres pour A-Ha. Elles auraient peut-etre pu l’etre, mais je voulais vraiment les chanter moi-meme. C’était la premiere fois que je ressentais cette « connection » Et depuis ca a changé ma maniere d’ecrire, ca m’a rendu plus sur de moi. Je m’en moque si je n’ai pas la meme voix que Morten, si tout le monde n’aime pas ces chansons, je veux simplement les faire. Ca m’a rendu plus libre, ca m’a rendu plus fort dans mon art aussi. Je n’ai pas de crise d’inspiration ces derniers temps. Mon ordinateur est bourré d’idées pour des morceaux, ou des textes. Les textes sont tres importants en ce moment dans mon travail.

4- J’ai parfois ressenti, sur quelques-une de vos compositions, l’atmosphere des films David Lynch, notamment sur “When The Saints Go Marching In”. Est-ce qu’Angelo Badalamanti (compositeur pour D.Lynch) est l’une de vos influences?
Je pense que la serie TV qui a eu le plus d’impact dans le monde est Twin Peaks et beaucoup grace à la musique tellement reconnaissable, c’était une combinaison extraordinaire et ca a été definitivement une inspiration, comme quelque chose qui se loge quelque part dans ton cerveau, un peu comme Ryuichi Sakamoto pour la musique de Furyo ou les Beatles… bref toute cette somme d’influences qui se forme inconsciemment. Mais Twin Peaks est definitivement une grande source d’inspiration. Pas au point d’en faire des references directes. Il y a un morceau de 7 minutes sur Analogue, avec une section instrumentale assez longue, quasi Lynchesque. Pour Paul aussi, c’est une reference.

5- Pourquoi avez-vous re-enregistre Dragonfly pour a-ha, ou Velvet qui est de Savoy?
Je crois que c’est Morten qui a voulu ré-enregistrer Dragonfly & Paul voulait refaire Velvet. Je pense aussi que Velvet aurait pu etre une grande chanson de a-ha, c’est un hit, mais je prefere la version de Savoy. Paul n’a jamais laché prise sur la version de Savoy, alors la version de a-ha est devenue une version hybride, elle n’est jamais devenue totalement differente. Je crois qu’on s’est un peu planté sur ce titre, mais la chanson est superbe et aurait pu etre un hit.

6- Comment vos experiences solo, que ce soit la votre, les albums en anglais ou norvegien de Morten ou Savoy de Paul ont-elles apporte une autre dimension a a-ha?
Nous sommes tous devenus des artistes à part entiere et nous apportons tout cela au groupe. Nous etions un groupe divisé en 3 et maintenant nous sommes 3 individus dont les univers se rencontrent sous cette ombrelle que l’on appelle A-Ha. On se sent tous plus fort indivuellement.. ; ce qui fait la complexité de n’importe quel groupe aujourd’hui. Chacun a pris la responsabilité de son propre talent et essaie d’amener le meilleur de chacun dans le groupe. On a un destin commun, une histoire commune qu’on ne peut pas fuir – d’ailleurs on ne veut pas la fuir de toute facon. Donc tout ce qu’on fait aujourd’hui est une sorte de continuité à tout cela, une explication, une restauration de notre histoire. On voit tous AHa comme une partie de ce que l’on fait, alors qu’avant, A-Ha etait la seule chose qu’on faisait. Nous en faisions partie, aujourd’hui ca fait partie de nous.

7- Je trouve cela bizarre – je ne dis pas que c’est une mauvaise chose, juste que c’est bizarre – que vous parliez plus au public que Morten…
J’ai trouvé cela bizarre aussi au debut mais aucun d’entre nous n’est vraiment causant et si je ne le faisais pas, personne ne le ferait. Je pense que ca vient du fait que Morten est obsédé par sa voix et faire une super performance chaque soir, il est tres inquiet de perdre sa voix, et pour moi c’est important de faire savoir au public qu’on a de la reconnaissance pour eux, d’etre là et que c’est important pour nous qu’ils soient là. Enfin c’est mon avis et probablement que Morten reagirait à ce que je dis. Mais j’ai appris à aimer à grimper sur scene devant des gens qui veulent que je sois là. Je l’ai accepté et suis prêt aussi à recevoir. Pas uniquement donner, mais m’ouvrir assez pour recevoir quelque chose de la part du public.Et c’est comme ca que ca peut marcher, que ca peut devenir un moment unique. Et c’est ce que tout le monde veut : etre là et que tout le monde soit conscient que nous sommes là tous ensemble et que nous faisons tout pour rendre le concert aussi bon que possible. Parler avec le public, ce n’est pas un truc dans le quel je suis super doué, je suis juste un peu moins mauvais que les deux autres alors ca m’est tombé dessus… je sais que beaucoup aimerait que Morten le fasse plus.. mais je sais qu’il n’est pas tres à l’aise. Il ne parle jamais vraiment des chansons, des paroles et s’il le fait, c’est plus par rapport à l’étrangeté d’etre là. Il ne me semble pas vouloir communiquer autant, comme ca. Mais je suis d’accord, c’est bizarre.
Mais à la limite ca donne quelque chose d’original. Dans les autres groupes c’est toujours le chanteur et on entend rarement la voix des autres musiciens
Note bien, je ne me sens pas totalement a l’aise en le faisant. Mais je n’étais pas tres à l’aise car j’avais probablement peur de dire quelque chose et que les deux autres ne soient pas toitalement d’accrod avec. Maintenant je m’en fous, je dis ce que je pense, ce que je veux dire au public. Ce n’est pas que je fasse mon show, c’est quelque chose que je peux leur donner, un peu de reconnaissance, juste le sentiment que nous savons que nous sommes là avec eux.

8- Pouvez-vous me donner vos reactions en quelques mots a ces titres des albums d’a-ha?
– Hunting High & Low
Je me souviens de son enregistrement aux studios Pine Hill, on avait rencontré Pete Townshend pour la 1ere fois, travaillé avec Tony Mansfield, toutes ces ambitions que nous avions, je pense toujours que c’était un grand album. J’ai des amis dans la presse ou l’industrie musicale, qui continuent toujours a faire référence à cet album. On a choisi des titres de l’album pour la tournée, des titres que nous n’avons pas joué depuis 20 ans.
– Lifelines
C’est l’album pendant lequel j’ai commencer à abandonner la notion romantique de A-Ha comme un groupe, de la maniere dont c’était au début, de trainer tous ensemble en studio, commencer l’enregistrement à partir de zero, rentrer à la maison en taxi ensemble. J’ai réalise que nous sommes maintenant dans une maniere de vivre totalement differente, avec chacun d’entre nous bossant dans nos propres studios à la maison, proposant des morceaux quasiment finis aux autres membres du groupe.
C’est le 1er album où j’ai écrit avec Morten et ca a eu un effet sur la maniere dont j’ecris. Morten ne finit jamais ses chansons, il a des idées et laisse apres les autres en faire quelque chose et c’est plus ou moins de cette facon que je travaille avec Paul. J’ai des idées parfois plus finies que d’autres mais il manque toujours une partie, soit instrumentale, soit les paroles. Et je peux realiser la frustration de Morten dans mon propre passé et etrangement j’ai pris la place que Paul a pour moi avec Morten en prenant ses chansons et en les finissant à ma maniere sans vraiment lui demander, et je les finis de la maniere dont je pense qu’il faut qu’elles sonnent et ca a changé ma façon de penser par rapport à ma maniere de composer.
– East Of The Sun West Of The Moon
J’aime vraiment cet album, c’est un peu un album “oublié”, inspiré par notre obsession pour les US a cette époque et toutes les tournées que nous y avons fait, vers un son plus organique, il y a de vraiment bonnes chansons sur cet album.
– Minor Earth Major Sky
Un album qui a commencé dans une direction et fini dans une autre, un album qui resume toute la complexité de reunir 3 individus apres tant d’années, c’est parti avec beaucoup d’idealisme, et c’est le cas pour les 3 derniers albums et ca a fini dans une situation chaotique avec chacun allant dans toutes sortes de directions, mais c’est un album assez cool, il y a quelque chose dont je suis vraiment content avec Minor earth Major Sky; Barely Hanging On est vraiment un bon titre. Summer Moved On, j’étais sur que ce titre était un hit, meme quand tout le monde me disait le contraire – que c’était un titre d’album pas un single. Paul et moi pensions differemment.
– Stay On These Roads
Un album difficile à faire. On s’est senti un peu frustrés dans notre travail avec l’equipe de production. Stay On These Roads est le premier titre que j’ai travaillé sur un Mac avec les programmation de synthés, de batteries, dont la plupart ont fini sur l’album. C’était le début d’une differente façon de travailler pour moi, commencer à travailler à la maison et l’utiliser sur l’album. Et c’est comme ca que nous sommes ou nous sommes aujourd’hui, on cultive nos chanson jusqu’à un certain point avant meme que les autres ne les entendent.

9- Que pensez-vous de l’évolution du monde de la musique, de l’industrie de la musique, avec par exemple un programme de tele-realite qui maintenant propose de trouver le nouveau chanteur d’INXS …
Michael Hutchence doit se retourner dans sa tombe oui. Je n’ai jamais été un grand fan d’INXS, je ne suis donc pas tout retourné par ce qu’ils ont fait. La tele-realite… quel concept ! Regarder des gens ennuyeux faire des choses ennuyeuses à la tele. J’essaie d’éviter de regarder tout ca. Il y a des elements positifs peut-etre, du fait que tout soit tellement commercial. Et on m’a demandé justement ce que ca me faisait d’etre en competition avec tout ses trucs commerciaux, tu es dans un groupe tu es encore orienté sur des albums, un gros travail, alors qu’on sait que cette idée disparaît de plus en plus au profit de singles, mais on ne sent pas en competition, on fait ce qu’on peut pour amener notre bébé et lui donner une chance de marcher sur ses jambes. C’était déjà la meme chose quand on a commencé. Mais c’est difficile pour un nouveau groupe ou un nouveau talent d’exploser sur la scene musicale; d’un autre coté, j’ai l’impression que les groupes trouvent leur public via les radios en-ligne et les structures et cultures underground. La scene musicale a pris plusieurs niveaux et il me semble que pas mal d’artistes sont contents de ne pas se bruler les ailes et peuvent exister paisiblement dans des « sous-groupes » et trouver leur public, et je me sens proche de ca parce que la celebrité a été la chose la plus dure à gerer et ca n’aidait pas à etre créatif, c’était comme un combat de chiens. Je ne crache pas dessus car c’est ce qui m’a amene ou je suis et ca m’a appris beaucoup mais si je devais donner à mes gosses un conseil pour gerer leur carriere musicale, je leur dirai « ne soit pas obsédé par la gloire, etre dans les journaux ou a la tele» fais ton truc, trouve ton public, il y a plein de facon d’y arriver et d’en etre heureux. C’est facile à dire pour moi parce que nous avons pris le gateau, on l’a mangé. Tu sais ce n’est pas primordiale pour la survie de la musique ou pour l’apparition de nouvelle musiques qu’il y ait des structures multinationales ; On est peu dans une periode de dinosaures, pas mal de choses changent et le futur est incertain. D’une maniere générale, les nouvelles technologies ont fait et continuent à faire du bien à la musique parce qu’il y aura toujours des talents qui trouveront un moyen pour apparaître, et le reste du navire, on a juste à vivre avec, on est pas obligé de monter dedans. Juste s’assurer que ca nous pollue pas trop et ca s’en ira au bout d’un moment !

(Interview Norvege-fr.com | aha-fr.com | Cyberspace // Aucune utilisation même partielle sans accord écrit de l’auteur ou de Norvege-fr.com ou aha-fr.com)

 

Interview de Magne Furuholmen (A-ha) par Cyberspace en collaboration avec Norvege-fr.com | aha-fr.com pour Norvege-fr.com | Cyberspace

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