Le 10 décembre de chaque année, le monde entier a le regard tourné vers Oslo. Le Centre Nobel de la Paix situé au cœur de la capitale norvégienne vous propose une exposition annuelle sur le lauréat du Prix Nobel de la Paix et des expositions temporaires. Suivez le guide !
Sommaire de l'article
Le Centre Nobel de la Paix au Cœur de Ville d’Oslo
Le Centre Nobel de la Paix est installé dans un beau bâtiment historique depuis 2005. Le bâtiment, Vestbanen, date de 1872 et c’est un point de repère pour les habitants d’Oslo puisqu’il a servi de gare ferroviaire jusqu’à la fin de l’année 1988. L’architecte britannique David Adjaye a eu pour mission de transformer la gare en musée tout en conservant l’architecture d’origine. Il a pensé à un concept original en partant de couleurs : la dualité entre le rouge et le vert. Le feu tricolore que l’on retrouve dans les gares, mais aussi le rouge qui correspond aux conflits, aux dangers et la couleur du sang ; et le vert est le symbole de l’espoir et de réconciliation dans certaines cultures. Comment une couleur peut nous influencer ? Le rouge nous réveille et le vert nous apaise.
La mission du Centre Nobel de la Paix
Le Centre Nobel est pour moitié publique (ministère de la Culture) et l’autre moitié est privée (Telenor Group, ABB, et Hydro). Sa mission est de donner l’information sur le Prix Nobel de la Paix. Il a une position particulière dans le système Nobel puisqu’il ne figure pas sur le testament d’Alfred Nobel. Il ne reçoit donc pas d’argent de la fondation qui est basée en Suède. L’équipe du Centre Nobel de la Paix apprend la nomination du lauréat en même temps que le monde entier. Le compte à rebours est alors lancé. Ils n’ont que huit semaines pour tout mettre en place ! Le Centre Nobel a connu un pic de popularité avec la nomination du Président américain, Barack Obama en 2009 tout comme en 2014 avec la nomination de Malala et Kailash (en vidéo ci-dessous). L’année 2016 est une année record pour le dépôt des candidatures avec 376 dossiers.
Le hall du Centre Nobel de la Paix | Un espace pour les débats
Notre visite commence par le hall avec ces pastilles de différentes couleurs suspendues au plafond. Les pastilles noires représentent ceux qui travaillent pour le désarmement, en blanc ceux qui travaillent pour les droits de l’homme, en jaune ce sont les négociations et en orange les coopérations de différents pays sur un sujet précis. Ce bel espace, qui est mobile, est aussi utilisé régulièrement pour faire des débats pouvant accueillir une centaine de personnes. Sur notre droite la boutique en rouge et sur notre gauche le « Café d’Alfred » en vert.
L’ancien Hall de Gare (Toghallen) pour les expositions temporaires
Le rez-de-chaussée est dédié aux expositions temporaires qui changent, selon les années, 2 à 3 fois par an. Ces expositions cherchent à remettre en cause nos préjugés et à promouvoir la photographie comme moyen d’expression.
Nous avons pu visiter l’exposition de la photographe allemande, Herlinde Koelbl, intitulé « Targets ». La photographe officielle d’Angela Merkel a passé 6 ans à visiter des sites d’entrainement militaire avec l’idée d’apprendre à identifier l’ennemie, se mettre à la place des soldats, comment ils peuvent rentrer chez eux en oubliant l’horreur. Toute l’exposition est centrée sur la psychologie.
Du 9 juin 2016 jusqu’au 26 février 2017, le Centre Nobel propose une exposition plus historique. Carl von Ossietzly (né le 3 octobre 1889 à Hambourg, mort le 4 mai 1938 à Berlin) était un journaliste, écrivain et intellectuel pacifiste allemand. Il a reçu le prix Nobel de la Paix en 1935 pour ses publications. C’est l’un des choix des plus courageux de tous les prix Nobel de la Paix que le Comité ait pu attribuer, mais aussi le plus controversé. Sa nomination fut fortement contestée en Allemagne, car il était antinazi à l’époque d’Hitler. Pour cette exposition, la scénographie est très inspirée des années 30. L’idée est de mettre le visiteur dans les coulisses d’une pièce de théâtre où il y a le côté officiel et ce qui se passe derrière.
Le tunnel d’honneur (Aerestunnelen) du Centre Nobel de la Paix
Nous pénétrons dans le tunnel donneur de couleur or qui rend hommage au dernier lauréat du prix Nobel de la Paix. En fond, la vidéo de l’annonce du Prix Nobel en octobre. On peut également découvrir la médaille reçue par Christian Lous Lange, un Norvégien en 1921. À son décès, la famille a décidé de prêter cette médaille au Centre Nobel : 200 g en or avec Alfred Nobel et trois hommes à l’envers qui se soutiennent pour symboliser la fraternité et la coopération.
La médaille conçue par Gustav Vigeland n’est pas sans rappeler le parc de sculptures à Oslo portant le même nom. Seulement 2 Norvégiens ont reçu le prix Nobel de la Paix : Christian Lou Lange en 1921 et Fridtjof Nansen l’explorateur en 1922 pour son aide aux réfugiés après la Première Guerre mondiale.
Centre Nobel de la Paix | Un étage dédié au Prix Nobel de la Paix
Le 1er étage est dédié au lauréat du Prix Nobel de la Paix ainsi qu’à la vie d’Alfred Nobel. En ce moment, la galerie est consacrée au quartet tunisien. Volontairement, l’exposition n’est pas dans l’ordre chronologique. Nous commençons donc la visite par les photographies qui illustrent la constitution démocratique tunisienne.
On peut se poser dans l’espace vidéo pour visionner les interviews des lauréats. Le concept initial est de nous rappeler que c’est le début de la démocratie tunisienne, c’est loin d’être achevé. L’idée de chantier est mise en avant avec des éléments par terre qui montre qu’il faut continuer les efforts pour construire le pays.
Le jardin de Nobel (Nobels Hage)
Le jardin Nobel est le cœur de la conception visuelle de David Adjaye. On y retrouve tous les lauréats à travers une installation digitale de 104 écrans et près de 1 000 tiges lumineuses. On plonge dans une ambiance particulière avec la musique, la lumière… Nous sommes dans un état méditatif. Dans cet espace très original, impossible de repérer un lauréat car ils changent de place tous les matins. Ludique, il y a peu d’information, mais le but est de saisir l’histoire en quelques minutes. Toutes les 15 min, le jardin s’éteint et un des discours est joué pendant 2 minutes et les extraits choisis sont ceux où ils se mentionnent les un des autres. Mandela a rendu hommage à Martin Lutter King quand il a reçu le prix Nobel de la Paix. La voix de Mandela et son écran s’illuminent et quand il parle de Martin Lutter King son écran s’allume également. Davis Small, le créateur du jardin, est parti de l’idée qu’ils sont tous ensemble et parlent entre eux pour qu’il y ait une connexion, une histoire.
Cette technologie était précurseur lors de son installation en 2005, mais reste très actuelle encore aujourd’hui. Wangari Muta Maathai, lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2004, est la marraine du centre. Il a été inauguré l’année de sa nomination, elle l’a visité 3 fois. Elle disait que le Centre Nobel de la Paix était comme un peu sa maison en Norvège.
La chambre de Nobel (Nobelkammeret) au Centre Nobel de la Paix
Dans la chambre de Nobel, nous avons pu feuilleter le livre magique et interactif sur la vie d’Alfred Nobel. Nous passons notre main sur les pages du livre et l’histoire d’Alfred Nobel apparait !
Alfred Nobel, un inventeur hors pair
À 17 ans, Alfred Nobel souhaitait devenir poète mais son père l’envoie faire des études de physique et de chimie à l’étranger. Nobel avait trois frères. Toute la famille a connu la pauvreté. Il a passé son enfance en Suède et a rejoint son père en Russie. Dans la famille Nobel, ils travaillent tous avec la nitroglycérine. La grande découverte d’Alfred Nobel est la dynamite. Il révolutionne l’Europe dans les projets de construction, c’est le début de sa fortune. Il passe la plupart de sa vie à Paris. Il va devenir l’un des hommes les plus riches au monde : 92 usines dans 20 pays différents. Inventeur hors pair à la fin de sa vie, il est détenteur de 355 brevets.
Le testament d’Alfred Nobel
Il décède en 1896 dans sa villa en Italie, seul. Il a écrit son testament à Paris, on peut trouver son bureau au Cercle Norvégien de Paris. Dans la première partie de son testament, il s’assure que toute sa famille et ses amis vont recevoir une pension annuelle. Dans la seconde partie, il précise que tout doit être vendu pour créer un fond qui sera utilisé pour décerner 5 prix Nobel (physique, chimie, médecine, littérature) chaque année à Stockholm dont le prix Nobel de la Paix à Oslo. Il indiquera trois critères pour le Prix Nobel de la Paix : le désarmement, la fraternité et la paix. Les premiers prix ont été décernés 5 ans après son décès, le temps de vendre son patrimoine et de créer la fondation Nobel.
Le laboratoire : Exposition « La Syrie est ma seule maison »
La pièce suivante est appelée le « laboratoire » pour travailler avec les groupes scolaires. En ce moment, c’est une exposition en coopération avec l’Unicef au Liban. Le projet de ces 2 dernières années était de fournir des appareils photo jetables à des enfants syriens pour, qu’à travers des photos, ils montrent leur vie quotidienne en tant que réfugiés. Il y a également des petites vidéos de 2 ou 3 min ou les enfants syriens parlent de ce qui leur manque : leur maison, leur école, leurs amis… C’est plein d’espoir car dans toute cette horreur, ils trouvent du positif ! L’un d’eux déclare : « Je mangerais de la terre si je pouvais rentrer chez moi en Syrie ».
Le mur interactif (veggavisen) du Centre Nobel de la Paix
Dans la deuxième partie du jardin, nous découvrons un mur avec plus de 2 800 articles, 1 500 illustrations et des centaines de vidéos (à partir des années 60) et d’animations de tous les prix Nobel de la Paix, mais également d’Alfred Nobel.
La pièce dédiée à l’UNICEF au Centre Nobel de la Paix
Une dernière pièce, relativement petite, attire notre attention. Aux couleurs de l’UNICEF, elle est en effet dédiée aux archives devenues accessibles 50 ans après leur nomination. UNICEF qui a eu le prix en 1965 a confirmé son rôle mondial en obtenant le prix. Aujourd’hui, l’UNICEF envoi partout dans le monde leur « School in a box » composée de crayons, cahiers, règles…. pour fournir une classe de 90 élèves.
En redescendant pour rejoindre le rez-de-chaussée, il y a sur les murs, les portraits de tous les lauréats qui ont été en prison ou qui le sont toujours comme le dissident chinois Liu Xiaobo, le prix Nobel de la Paix dit de la « chaise vide ».
Les petits mots des enfants sur le mur du Centre Nobel de la Paix
La visite se termine par les petits mots des enfants ou adultes sur leurs impressions sur le musée. Ils sont tous affichés sur les murs dans l’escalier. On peut y lire par exemple « Tout le monde devrait avoir du chocolat », mot qui peut prêter à sourire mais tellement lourd de sens. L’image que souhaite donner le Centre Nobel de la Paix est positive. L’idée est d’avancer et de se poser la question : que pouvons-nous faire ? L’espoir doit toujours être présent.
Le Centre Nobel pour les enfants avec Fred et Toca Loca, les ambassadeurs
Fred la girafe et Toca Loca le toucan sont des réfugiés. Ils ont quitté leur pays et ont trouvé refuge au Centre Nobel. Ils sont responsables des activités pour enfants. Grâce à ces 2 personnages, l’histoire du prix Nobel de la Paix est accessible dès le plus jeune âge. Tous les ans, une nouvelle activité est proposée aux enfants, cette année c’est sur la liberté d’expression, l’importance de communiquer, d’avertir les adultes. L’activité est en norvégien et en anglais avec différents niveaux de compréhension.
Tout commence par un journal qui va donner des instructions sur le fonctionnement de l’activité avec des exercices et des citations à résoudre. L’activité s’ouvre sur une bibliothèque, les livres sont les premiers moyens d’expression, ensuite la radio apparaît dans les années 30 (rôle de la radio pendant la Seconde Guerre mondiale), puis l’arrivée de la télévision dans les années 60 (rôle de la tv pendant la guerre du Vietnam) et enfin la révolution internet et la démocratisation de l’information. Autour de ces deux personnages, Fred et Tocaloca, c’est tout une équipe qui s’affaire : Qvisten Animation, le bureau d’animation basé à Oslo dessine les mascottes, les 3 pédagogues du Centre Nobel de la Paix créent le contenu pédagogique et des designers mettent en forme le tout.
La boutique et le café Alfred du Centre Nobel de la Paix
Avant de partir, ne pas oublier de s’arrêter dans la boutique où vous trouverez différents articles, des livres des lauréats, des objets et même du papier peint avec les visages de tous les lauréats.
Posez-vous au Café Alfred dans une ambiance qui se veut zen et admirez la peinture murale, œuvre de l’artiste britannique Chris Ofili « Earth Major Minor in Yellow and Green ».
Le Centre Nobel de la Paix, c’est aussi le mur à l’extérieur
Une grande fresque murale est en cours de création sur le mur situé à droite en rentrant dans le Centre Nobel. Les artistes Shwan Dler Qaradaki et Johannes Høie travaillent actuellement sur le thème de la liberté d’expression. Ce mur est d’autant plus important qu’il voit le passage de 80 000 personnes par jour au plus fort de l’été.
Derrière et autour du Centre Nobel de la Paix, camion et grues s’activent pour construire le plus grand musée d’Europe qui regroupera la galerie nationale, le musée d’art contemporain et le musée des arts décoratifs.
Un grand merci à nos deux charmantes hôtesses, Ingvill Bryn Rambøl, responsable de l’information et Adeline Cuvelier, pédagogue. Ces deux heures de visite ont été fortes en émotion et très enrichissantes. Nous sommes sortis avec un étrange sentiment, une sorte de bien être… un apaisement ! Le monde est capable du meilleur comme du pire mais ici nous ne retenons que le meilleur !
Si vous passez à Oslo, VISIT PEACE !
Comment se rendre au Centre Nobel de la Paix ?
Le Centre Nobel de la Paix se situe à Rådhusplassen, près d’Oslo City Hall et Aker Brygge. Vous pouvez prendre la ligne 12 du tram à Aker Brygge, ou prendre le tram, bus, ou T-bane au Théâtre National et marcher pendant cinq minutes en direction du port. Si vous êtes logé dans le cœur de la capitale norvégienne, vous pouvez vous déplacer à pied.